Dès mon boudoir
Je suis femme de jour, pourtant ! Comme qui dirait journalière...
Les nuits ne se prononcent jamais singulier pour moi. Car de Nuit je ne veux.
Les nuits sont mes sorties de secours, mes escaliers new-yorkais courant la peau de mes façades ; mes infractions douces, mes effractions d'espaces à conquérir ; mes promises jamais données ; mes frissons bleus tels mes peurs du noir, peurs d'enfant ; mes loups-garous.
Nuits & jour
Mon corps
J’ai goûté à la langueur des jours de paresse.
Ma peau s’étiole d’un désir toujours inassouvi et ma chair tremble.
Mon corps trop longtemps dompté se cabre.
Il veut aller son chemin dans l’écume de ses fougues.
Il veut des voiles, du vent, des sabots.
(D)ébauche de poème
Ils ont monté leurs mâtures stériles,
Et leurs forces nous abandonnent.
Ils ont bandé leurs muscles de serpents,
Leur venin nous a fuis,
Nous qui voulons périr
De morsure, non de mort.
Mon désir n’est pas ! désir d’un corps,
Eros étique pauvret pornographique !
Non ! Mon Désir est du Tout de la vie.
Vent gonflant les valves-voiles de mon cœur garance.
Zéphyr à la racine de mes cheveux, faisant frissonner mon alme triste,
Mistral entre mes cuisses ébouffant ces muqueuses corail.
Sirocco exsudé de pores anamnètes, tissant les chairs des fils de ses soies brûlantes.
Eros
Vois : les jonques et leurs voilures de fortune sur les eaux de nos mirages ; les billes de verre, d’onyx, d’agate et de topaze dans les poings serrés des enfants ; les feux des cerises aux oreilles des femmes promeneuses ; à l’heure oblique, les ors de la terre.
Entends : le feulement des touches, l’inflexion des mains à l’octave, nos caresses.
Sens : les buis de nos jardins.
Goûte : la pulpe des fruits aux bouches estivales.
Touche : l’ivoire de nos déserts.
Au bout du boudoir
Nos étreintes lascives défient les pleutres et peureux de péchés inventés.
Ce que nous tuons d'eux, nous enlaçant, nous enlève telles des Sabines, et ce nous sont délices d'envols.
Dans quelque espace où blottir nos échappées.
Qu'ils naissent nos empêcheurs d'aimer... Nous leur faisons ce défi.
Mais ils guimbardent encore dans les langes de leurs limbes. Ne sont pas nés, allez ! nos tue-l'amour que tous ces envieux convoquent !
Nos nuits de fièvres courtisanes.
Il me tint, des heures durant, fichée dans son œil, morceau de chair vibrante au bout de sa fourchette.
La lenteur, cette obligée de l'amour, et qui l'attise.