Vaguement poétique

14 juillet 2024

Méfiez-vous de vos enfants

Il est remarquable que la critique la plus radicale - et la plus efficace - du christianisme provienne d’un fils de pasteur ; remarquable au même titre, que la Révolution, dite prolétarienne, fût l’œuvre de bourgeois. Méfiez-vous de vos enfants !

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Misère sexuelle

Ce qu’il se dit de nos jours, depuis Baise-moi  de la Despentes :
« Tu veux que je te baise, c’est bien ça que tu veux ?
– Oui. »
Le prépuce bute au fond de l’alcôve. Ce n’est pas de ce côté-ci qu’il faut chercher.

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13 juillet 2024

Amours impossibles

Nous faut-il croire à l'impossibilité de l'amour, pour enfin donner à l'amour ses conditions de possibilité ?

Allons-nous risquer enfin de succomber au risque fatal d'aimer ?

Amour-nuage, amour transcendantal.

Nager en plein brouillard, grevés de doutes, fiers d'oser, haletant l'or poudreux des pudeurs ôtées.

Hors d'étreintes ou d'haleines en miettes, perles voraces.

Les plis, les creux, les soutaches sous les bras des dieux aux pas d'elfes.

Allons ! ferme est le genou qui sous l'arrêt, le décret, l'ukase, tempestif ne ploie !

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12 juillet 2024

Poésions

Poésions tous ensemble.

Poésions somptuaires, somptueux.

Tête haussée par-dessus ce soi microbique de rez-de-chaussée sur ses ergots pathétiquement crispé.

Hissons-nous à des hauteurs-démesure, à des ploiements de bambou défiant vertige et chute.

Restons là-haut, juchés dans des chaussures de ducs.

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9 juillet 2024
8 juillet 2024

Emphatiques

Fabulistes, conteurs épiques au souffle de stentors, narrez-nous l’histoire de nos dires et de nos faires, enseignez-nous qui nous sommes. Et vous, philosophes aux pensées de phosphore, éclairez la nuit de nos terriers.

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Religions du Livre

Les catholiques répondent aux questions par des mystères; les Juifs par des questions; les bouddhistes demandent si la question valait la peine d'être posée.

Nous, nous exigeons des réponses.

Reste à nous enquérir auprès des Musulmans. Qui d'autre?

 

***

Mort, on en convient, voici qu'Il ressuscite.

Je veux en finir une fois pour toutes avec Lui. Le plus tôt sera le mieux. Quand on parle d'idéal ici, en occident, il faut toujours qu'Il montre le bout de Son nez.

L'idéal : un fantasme irréalisable, ni plus ni moins, et qui insiste. Dieu: un revenant buté. A choisir...

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Hypnotiques

La musique de Steve Reich La musique de Steve Reich La musique de Steve Reich La musique de Steve Reich La musique de Steve Reich La musique de Steve Reich La musique de Steve Reich La musique de Steve Reich La musique de Steve Reich La musique de Steve Reich  Encore

La musique de Steve Reich est le manque de l'autre, un appel, une supplique: « Je ne suis que cela, toujours pareille. Viens, je t'attends. » C'est celle de notre époque.

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Comme ça

Le bref reste sur sa lancée.

Le cercle est déjà dans l'ellipse.

L'asyndète donne davantage qu'elle ne prend.

Le fil de la métaphore assemble les bribes éparses.

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Elémentaires

Qu'est-ce qu'un homme, qu'est-ce qu'une femme?

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On dit: « Ah! Les imbéciles heureux... » Pourquoi ne parle-t-on pas de ceux qui sont, de surcroît, malheureux?

***

Je suis allée à l'école où l'on désapprend à penser. Tu es allé à l'école où l'on apprend à vivre.

***

Les paroles mentent, les corps disent vrai.

***

Il faut tâcher de vivre, ce n'est pas si simple.

***

Le disparate est l'état naturel du monde et de l'esprit.

Notre désir d'homogénéité nous fait chercher la forme ordonnatrice du chaos.

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Ceux de la rue sont fins psychologues : survivre les enseigne.

***

C'est insulter la vie que de courtiser la jeunesse.

C'est ignorer qu'elle est mère patiente, éducatrice.

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Autobiographiques I

Rembrandt posa plus d'une fois son chevalet devant son miroir. Sans cela, comment aurait-il pu peindre les visages des autres?

Il s'échappe du dessin au trait rouge.

Ceux qui se veulent artistes ont plus d'une étape à parcourir. La plus longue est celle qui va de l'admiration servile à l'orgueilleuse affirmation de soi.

Servile, tu ne le fus jamais.

Ce dimanche de mai commençait la dernière phase de sa lente incubation.

La sanguine d'Andrea del Sarto le montre nu, assoupi dans le néant d'avant naissance. Là commence la biographie.

Comme chat, il retombe toujours sur tes pattes. Mais comme pur-sang?

Alcools : quand il navigue entre deux o.

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Misanthropiques

Ici, tous marchent en foule et se bousculent. Quand ils arriveront, nul n'osera dire: « Ce n'est donc que cela! » Le mensonge des uns couvrira celui des autres. Donner le change, c'est à quoi la plupart s'occupe.

Là, il y a un chemin pour chaque randonneur.

Solitude occidentale: ils n'ont trouvé que Dieu pour y échapper, ou bien le Club Med.

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« Ma fille de cinq ans pourrait en faire autant! » Voila ce qu'ils disent de la peinture abstraite. Pourquoi toutes ces petites filles ne peignent-t-elles rien d'autre, alors, que des maisons avec des cheminées qui fument, des soleils pâquerettes et des mains marguerites? C'est pas gentil pour leurs parents.

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Qu'est-ce qu'un intello ? Un penseur? Non, quelqu'un qui se néglige. Un penseur pense contre soi-même, ce qui est la meilleure manière de se respecter.

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Musicales

Devant l'entrée du monument, le jeune hollandais jouait une valse de Chopin. Il jouait sur la dépouille de son piano droit. Il y avait mis des roulettes. Il restait de la valse autant que du piano.

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Musicologiques

L'aptitude à entendre la musique est affaire de mémoire autant que d'oreille.

La musique est coïncidence auditive et mnésique de vibrations diachroniques.

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Absurdes

Il dit: « Il accordait les pianos, et il lisait Cioran. C'est parce qu'il lisait Cioran qu'il accordait bien les pianos. »

L'absurde est la médecine de la pensée piégée par l'accoutumance.

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Académiques

La laideur se donne, la beauté résiste.

L'aphorisme est la mesure exacte de notre aptitude à saisir et à comprendre.

Le poème est la mesure exacte de notre infinitude à imaginer.

Nous sommes tous d'infatigables rhéteurs. Ceux qui le savent prennent leurs discours et leurs démonstrations pour ce qu'ils sont : poésie.

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Mathématiques

La vie, cet énoncé indécidable*

*Dont la démonstration éventuelle exige un nombre infini d'étapes ou de cas à considérer

Et ils voudraient nous convaincre de l'existence de Dieu !

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Morales

Je constate : l’idée de vertu, de rectitude morale, est ici – dans la culture occidentale moderne – liée à la souffrance et au martyr.

Qui écrivit : « Montrez-moi un héros, je vous montrerai une tragédie » ?

Il me semble qu’aucune réponse à Nietzsche n’a été tentée. Il n’a y eu aucune tentative sérieuse, après lui, d’ôter ou d’apporter de l’eau à son moulin de la transmutation de toutes les valeurs. La morale n’intéresserait-elle donc plus personne ?

Mes valeurs ont-elles changé quand je perdis la foi catholique ? Non.

Mes valeurs eussent-elles été différentes si je n’étais pas née catholique ? Probablement.

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Philanthropiques

Arsouille, tel était ton destin. Il t'a fallu, pour l'infléchir, rougir son métal – une barre si lourde et si rigide! A la forge de quel vulcain?

Toi, la peur ne te freine pas, elle t'effreine.

***

L'aristo. Fagotée comme l'as de pique, une qui a de la branche sue la distinction. C'est une manière d'être sans façon, d'avoir partout ses aises parce que c'est un honneur qu'on fait d'y être. Jamais sur le qui-vive, elle ne craint rien de ce qui d'ordinaire gêne les autres: ni les attaques – son sang-froid en répond; ni le ridicule – il faudrait pour cela qu'elle eût envie de se montrer à son avantage; ni le dédain – il faudrait pour cela qu'elle cherchât l'approbation; ni l'indigence – il faudrait pour cela qu'elle espérât gagner son rang dans le monde par le montant de ses avoirs. Elle s'efface devant qui la précède, mais c'est révérence altière cédée à la politesse. Elle ne rend compte qu'à elle-même et au nom qu'elle porte.

***

A celle qui me vendit des livres, naguère, avenue de La Motte-Picquet.

Quel est l’homme qui a vu, voit, verra, la beauté sublime de la Libraire ? Je l’ai vue, moi. Il y a sûrement une beauté secrète dans chacun. Et même, pourquoi pas ? Dans ceux que notre monde expose à tous ses étalages.

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Philosophiques

De l’inconvénient de n’être point né : qu’en savoir ?

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Il dit: « La charpenterie, c'est comme les choses de la vie. La poutre, il faut qu'elle ait juste la bonne dimension: un peu trop court ou un peu trop long, ça ne va pas. »

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Certains concepts – la plupart peut-être -, se manifestent d’abord par le mot qui, littéralement, les appelle. Ils sont d’abord ceci, pour chacun : mot vide, objet sonore ou visuel, et qui plus est, objet flottant, plus ou moins lâchement relié à d’autres objets dans un espace mental individuel, qui possède sa géographie propre. Ainsi de Dieu, Amour, Beauté, etc. Nous avons tous probablement oublié la première occurrence de ces mots dans notre vie, avant qu’ils ne soient remplis, en tant qu’objet vides, et prêts à recevoir du sens, de toutes sortes de notions, plus ou moins hétérogènes, au gré de nos acquisitions, et plus fortement liés, plus exactement situés, dans un réseau de signes et de significations appartenant de plus en plus, à chaque nouvelle occurrence, à l’espace élargi de la culture.

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Ils cherchaient le nombre d'or, les tables de la perfection. Cela fait, quoi ? six siècles: nous cherchons toujours.

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« Mieux vaut une grande injustice qu’un grand désordre… » ? Tout ordre est injuste. Un peu de désordre, Argance?

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Poétiques

Elle se représentait maintenant leurs deux vies comme deux disques lancés vers le ciel, sur les nageoires d'un soleil filtré au rouge.

Le rouge est l'incandescence du bleu, son revers embrasé. Il est sang humain dans la glace du ciel. Il est chair vibrante au figé du vide éternel. Il est vie injectée, pulsante, au diamant multimillénaire de l'œil. Il est couleur matrice. Le jaune s'y sédimente. Le bleu s'y précipite, lassé de tant de galaxies.

Elle est ici, regarde vers le ciel; et aussi là, regardée. Il est ici, regarde vers le ciel; et aussi là, regardé. Leur vol est jet de leurs pensées. Leurs corps hologrammes suivent l'ellipse.

La seule couleur mensongère: noir. Noire, même la nuit ne l'est jamais tout à fait.

Les eaux se pressent derrière nos barrages. Pourtant, il fait encore nuit.

Vert : il sied au teint des rousses matinales. Ses bosquets rafraîchissent leurs terres de Sienne brûlées.

Ma couleur préférée : opaque, celle de la consistance.

Les rousses le matin, les brunes à midi, les blondes le soir; les femmes devraient sortir à l'heure qui leur convient.

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Politiques

— La pente la plus naturelle à l’homme, et qu’il lui coûte pourtant de dévaler ? — Oui, celle du temps.

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Paradoxe : la France est à la fois le pays du romantisme et celui de la raison lumineuse. Or, comme chacun sait, « Le cœur a ses raisons... »

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Brèves de mon comptoir

Je ne peux plus me charger d’âmes. Leur poids m’a rompue.

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Lui qui croyait avoir de mon cœur concession à perpétuité.

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Tant de thèmes et obsessions qui maintenant s’épanchent ; à la commissure de ta bouche.

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La potiche, comme un biscuit, s’émietta sur le sol dallé.

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Nihilisme et idéal

Ici, tous marchent en foule et se bousculent. Quand ils arriveront, nul n'osera dire : « Ce n'est donc que cela !  » Le mensonge des uns couvrira celui des autres. Donner le change, c'est à quoi la plupart s'occupe. Là, il y a un chemin pour chaque randonneur.

Solitude occidentale : ils n'ont trouvé que Dieu pour y échapper, ou bien le Club Med.

Allez donc leur expliquer qu'ils doivent gouverner leur vie sans rien attendre du ciel, ni tables de la Loi, ni châtiment, ni récompense.

« Quelle chance d'avoir la foi ! », disent les incroyants. Ils aimeraient bien être dupes, eux aussi !

L'idéal : un fantasme irréalisable, ni plus ni moins, et qui insiste. Dieu : un revenant buté. A choisir?...

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7 juillet 2024

Les mots et les choses

Aucun mot ne peut dire l'entièreté d'aucune chose. Pas une phrase, pas un livre, pas même un traité. Le grand Phallus, le réel, ne se laisse comprendre que de soi-même. Il nous domine. C'est pour ça que sans cesse on s'y cogne. C'est ainsi qu'il nous livre son lot d'insoupçonnés, de déconvenues, mais aussi de divines surprises. Il arrive, oui, qu'on se cogne à des rembourres d'hermine, comme une femme amoureuse caressant du nez les lobes charnus du membre adoré.

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Répétition-compulsion

La musique de Steve Reich La musique de Steve Reich La musique de Steve Reich La musique de Steve Reich La musique de Steve Reich. Da capo, encore ! La musique de Steve Reich est le manque de l'autre, un appel, une supplique : « Je ne suis que cela, toujours pareille. Viens, je t'attends. » C’est celle de notre époque.

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Quel ennui!

Le prévisible est ce lieu où réside l’ennui ; c’est pourtant là que la plupart des hommes cherchent refuge, pour se tranquilliser. Utopie magistrale ; l’essentiel de ce qu’ils voudraient prévoir et tenir pour sûr : une éternelle santé, un amour indéfectible, de toute façon leur échappe.

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Elégance

L'art de camoufler toute marque d'effort, et même toute intention. La nature la porte en soi. Notre nature s'y porte à l'encontre de soi.

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Rave party

Soirée des rives d’un ailleurs qui nulle part n’existe,

Dans l’extase factice d’ecstasy

Rêve Parti.

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Blabla

Rien à dire maintenant.

Raison de plus pour, Argance : te taire !

La ferme, à la fin !

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30 juin 2024

Déjantées

Veillée d’armes.
Aux pieds : le monde.
Pleutre, pâlit, pleure.
Me disant que je ne sais rien, pas plus qu’il ne sait.
Toute connaissance fuit comme un train dans la nuit, le long du halot d’un projecteur.
La source en est l’œil.
Ouvert à l’angle exorbité d’un regard myope.
Je campe sur l’éminence.
Il est venu. Trois jours & nuits moins longs que de coutume.
Il y a plus de beauté maintenant qu’il y en eut jamais.
J’ai ouvert la trappe au Pandémonium.
La Galerie avait la blancheur de la pierre baptismale.
L’attendre, c’est faire tournoyer l’instant sur l’axe de sa trajectoire.
Il y avait en moi l’impatience éreintée, dessous le tableau noir aux demi cartes crépitantes.
Rome, Barcelone, tout avec retard.
La femme expectante et seule, devant les portes spasmodiques.
Le manque est toujours ce qui nous tient le plus à cœur.
Lui, toujours absent.
Ce qu’on saisit de l’autre tient à quelques indiscrétions involontaires; tout le reste est opaque : les gestes, les mimiques, les paroles.
Les actes témoignent seuls à la barre du Tribunal. Qui en est le greffier ?
Je veux être celle qui s’avoue sans se trahir.
Il est venu, il est parti. Je reste. Nous restons toujours avec soi-même. Est-ce une malédiction ?
Qui m’entend ? Lui peut-être. Sur cette fréquence qui nous est commune. Et pour le reste ? J’ai la sente invisible des mots vers l’insondable. Quoiqu’il paraisse, je chemine.
Le rapprochement n’est pas obligatoire. C’est une licence. Nous sommes comme deux bêtes blessées, pantelantes.
Il y a dans l’amour plus de portes à ouvrir que de serrures, et de clés à nos trousseaux. Nous voulons conjurer le mauvais sort qui nous fit naître soi.

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7 juillet 2023

Tudieu !

Tudieu ! Qu'ils m'ennuient, tous ! Assis, rances, effrayants de vie ratatine, étains ternis, croupis, éteints, déteints, détenus, étendus là du petit long de leurs corps eptiques.

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26 novembre 2014

Sonnet pour un fantôme

Ce qu’il resta d’un goût, nouveau sur mes lèvres,

Tout le jour s’exhala, autour de moi, sans fin :

Cuivre, cuir, feuilles et fleurs, métal, feu, soufre enfin ;

Vous parti, lui restant : fort, puissant, rien de mièvre !

 

Mes vaisseaux, mes artères, ma chair et ma plèvre,

Imprégnés, palpitants :  le désir et la faim

hier m’ont tenaillée ;  mon passé ce défunt ;

Ce qui s’empare de moi : la douceur et la fièvre.

 

Libations, festoiements, tels seront nos voyages ;

Terra incognita, sans aucun équipage,

Vers elle nous allons, mais ne nous hâtons pas.

« Nous consumer », dis-tu… Nous pourrions faire naufrage,

Nous perdre l’un et l’autre, parmi ces paysages ;

C’est un risque, en effet, si nous pressons le pas.

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