Déjantées

Veillée d’armes.
Aux pieds : le monde.
Pleutre, pâlit, pleure.
Me disant que je ne sais rien, pas plus qu’il ne sait.
Toute connaissance fuit comme un train dans la nuit, le long du halot d’un projecteur.
La source en est l’œil.
Ouvert à l’angle exorbité d’un regard myope.
Je campe sur l’éminence.
Il est venu. Trois jours & nuits moins longs que de coutume.
Il y a plus de beauté maintenant qu’il y en eut jamais.
J’ai ouvert la trappe au Pandémonium.
La Galerie avait la blancheur de la pierre baptismale.
L’attendre, c’est faire tournoyer l’instant sur l’axe de sa trajectoire.
Il y avait en moi l’impatience éreintée, dessous le tableau noir aux demi cartes crépitantes.
Rome, Barcelone, tout avec retard.
La femme expectante et seule, devant les portes spasmodiques.
Le manque est toujours ce qui nous tient le plus à cœur.
Lui, toujours absent.
Ce qu’on saisit de l’autre tient à quelques indiscrétions involontaires; tout le reste est opaque : les gestes, les mimiques, les paroles.
Les actes témoignent seuls à la barre du Tribunal. Qui en est le greffier ?
Je veux être celle qui s’avoue sans se trahir.
Il est venu, il est parti. Je reste. Nous restons toujours avec soi-même. Est-ce une malédiction ?
Qui m’entend ? Lui peut-être. Sur cette fréquence qui nous est commune. Et pour le reste ? J’ai la sente invisible des mots vers l’insondable. Quoiqu’il paraisse, je chemine.
Le rapprochement n’est pas obligatoire. C’est une licence. Nous sommes comme deux bêtes blessées, pantelantes.
Il y a dans l’amour plus de portes à ouvrir que de serrures, et de clés à nos trousseaux. Nous voulons conjurer le mauvais sort qui nous fit naître soi.